Le miel : ingrédient phare des produits cosmétiques
Le dernier principe actif qui fait vrombir les labos ? L’agent anti-âge, antifatigue, anti-tout, qui essaime dans nos sérums et crèmes ? Le miel. En effet, ce dernier voit brusquement son charme agir en dehors des rayons bio pour flirter du côté des parfumeries et des flacons dorés. Guerlain, dont l’abeille est un symbole depuis son Eau de Cologne Impériale créée au XIXe siècle, en a fait la star de sa ligne de soins nommée Abeille Royale. Ce produit du terroir plutôt rare est l’ingrédient idéal des marques glam : naturel et luxueux à la fois.
Mais pourquoi ce nectar bien connu de nos placards est-il si tendance ? « Parce qu’il symbolise le nouveau contrat entre l’homme et la nature : celui d’une collaboration harmonieuse, décrypte Pierre Bisseuil, directeur de recherche de l’agence de tendances Peclers. Le miel bénéficie aussi d’une forte image d’aliment originel nourricier, pur et sauvage, ayant un spectre large de vertus, et ce de façon universelle. » En Asie comme en Afrique, dans les Amériques comme en Europe, cet or liquide jouit d’une symbolique très positive… Comme, par exemple, le miel de manuka, produit en Nouvelle-Zélande, puissamment antioxydant et antimicrobien grâce à sa charge en huiles essentielles. Pas de quoi faire rougir l’excellent miel de thym provençal ou le miel de Narbonne. Cet intérêt pour le lieu d’origine de récolte met l’accent sur les zones abritées des pesticides et autres polluants, comme les forêts de Haute-Provence, la sauvage île d’Ouessant ou encore les plateaux du Vercors… Mais toutes ces notions ne doivent pas nous faire oublier l’attrait premier du miel : le plaisir qu’il procure quand on le consomme. Ce bonheur régressif inspire un nombre croissant de parfumeurs aux narines titillées par l’absolu de cire d’abeille et autres effluves miellés (comme ceux du genêt par exemple). De quoi prédire de nouveaux accords addictifs dans les mois qui viennent. Concernant nos pots de crèmes, si les labos s’intéressent autant au miel, c’est bien « parce qu’on l’évalue enfin scientifiquement », confirme Frédéric Bonté, directeur de la recherche LVMH Guerlain. Et qu’on découvre, preuves à l’appui, à quel point ses caractéristiques sont bénéfiques pour la peau. Après un usage ancestral et empirique de tous les produits de la ruche, il est enfin temps de comprendre pourquoi et comment ça marche.